Ieng Thirith
Dossier concerné : Dossier n° 002
Surnom : Phea1
IENG Thirith (1932-2015) a été Ministre des affaires sociales du Kampuchéa démocratique. Elle a été renvoyée en jugement pour des accusations de génocide, crimes contre l’humanité, graves violations des Conventions de Genève et crimes sanctionnés par le Code pénal cambodgien. Elle a été déclarée inapte à être jugée et est demeurée sous contrôle judiciaire jusqu’à sa mort.
Découvrir la hiérarchie des Khmers rouges pour comprendre son rôle dans ce régime qui cultivait le secret.
Drag
1932
10 mars
Naissance à Phnom Penh2
1940
Scolarité au Lycée Sisowath à Phnom Penh avec Ieng Sary3
1952
1952-1957
Étudie à Paris à la Sorbonne et fait partie du Cercle marxiste aux côtés de Saloth Sar (Pol Pot), Ieng Sary, Khieu Samphan et Son Sen4
1953
Épouse Ieng Sary5
1957
Rentre au Cambodge pour enseigner6
1965
Suit Saloth Sar (Pol Pot) et Ieng Sary au Bureau 100 le long de la frontière vietnamienne, et y reste jusqu’en 19707
1974
Novembre
Est nommée Ministre du GRUNK chargée de l’éducation populaire et de la jeunesse10
1976
Avril
Est nommée Ministre des affaires sociales et confirmée dans ces fonctions par l’Assemblée des représentants du peuple14
1977
1977 et 1988
Prononce des discours en présence de diplomates nord-coréens et égyptiens15
2007
14 novembre
Est arrêtée et placée en détention sur ordre des co-juges d’instruction16
2010
15 septembre
Est renvoyée en jugement par les co-juges d’instruction17
2011
17 novembre
Est déclarée inapte à être jugée puis mise en liberté sous contrôle judiciaire18
2015
24 août
Meurt à Pailin19
Charges
Est renvoyée en jugement dans le dossier n° 002 pour crimes contre l’humanité
20
:
- Meurtre
- Extermination
- Réduction en esclavage
- Déportation
- Emprisonnement
- Torture
- Viol
- Persécution pour motifs politiques, raciaux et religieux ; autres actes inhumains
Est renvoyée en jugement dans le dossier n° 002 pour génocide :
- Meurtre de membres des groupes cham et vietnamien
Est renvoyée en jugement dans le dossier n° 002 pour graves violations des Conventions de Genève de 1949 :
- Homicide intentionnel
- Torture ou traitements inhumains
- Fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé
- Fait de priver intentionnellement un prisonnier de guerre ou un civil de son droit à un procès équitable et régulier
- Déportation ou détention illégale d’un civil
Est renvoyée en jugement dans le dossier n° 002 pour violations du Code pénal cambodgien de 1956 :
- Homicide
- Torture
- Persécution religieuse
Extinction des poursuites le 24 août 2015 suite à son décès 21
Principales conclusions
Rôles et responsabilité
Dans le dossier n° 002, les co-juges d’instruction ont considéré qu’il existait suffisamment de preuves attestant que Ieng Thirith :
- N’avait été membre ni du Comité central ni du Comité permanent 22
- Avait été chargée de la culture, de l’action sociale et des affaires étrangères à compter du 9 octobre 1975, partageant avec Ieng Sary certaines responsabilités en matière d’affaires étrangères 23
- Avait été Ministre des affaires sociales après les élections de 1976, siégé au Conseil des ministres qui fixait les directives devant être appliquées par les ministres, et fait rapport à l’échelon supérieur du PCK concernant les activités du ministère 24
- Avait exercé son contrôle sur le Ministère des affaires sociales et sur le bureau K-2 25
- Avait été responsable de l’achat, de la production et de la distribution de médicaments à Phnom Penh et dans tout le Cambodge 26
- Avait exercé son contrôle sur le personnel des hôpitaux et des usines pharmaceutiques et tenu régulièrement des réunions et des sessions de formation au sein du Ministère des affaires sociales 27
- Avait participé à des réunions du Comité central et à d’importants rassemblements du PCK lors desquels les politiques à appliquer étaient fixées et diffusées, et avait été responsable de la diffusion et de la mise en œuvre de ces politiques, en particulier au sein du Ministère des affaires sociales 28
Responsabilité pénale
Dans le dossier n° 002, les co-juges d’instruction ont considéré qu’il existait suffisamment de preuves attestant que Ieng Thirith :
- Avait été membre d’une entreprise criminelle commune avec les dirigeants du PCK, dont le projet commun avait consisté « à réaliser rapidement une révolution socialiste au moyen d’un “grand bond en avant” et à défendre le Parti contre les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, par tous les moyens » 29
- Avait participé ou contribué à l’élaboration, l’application et le contrôle des politiques du PCK, y compris les transferts de population, la mise en place de coopératives et sites de travail, la rééducation des « mauvais éléments » et l’exécution des ennemis, l’application de mesures ayant visé certains groupes particuliers et la réglementation du mariage 30
- Avait eu connaissance des pénuries de médicaments et des graves problèmes de santé sévissant dans l’ensemble du pays 31
- Avait approuvé et publiquement expliqué la politique du PCK dans ses discours, durant ses interviews, et lors des sessions d’endoctrinement politique qu’elle avait dirigées à Phnom Penh ou à l’occasion de ses visites personnelles dans les provinces 32
- Avait mis en œuvre la politique du PCK dans l’ensemble du pays pour les questions de santé et les affaires sociales, ainsi qu’au niveau de son ministère pour les questions de sécurité 33
Avocats
Me Phat Pouv Seang, Me Diana Ellis
Documents pertinents
Interviews
- Interview de Ieng Thirith par Elizabeth Becker, octobre-novembre 1980, E3/659