Contexte et rôle
François Bizot est professeur et chercheur.
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En octobre 1971, il était au Cambodge dans le cadre de ses recherches sur le bouddhisme cambodgien.
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Il a été arrêté par les soldats khmers rouges et accusé d’être un agent de la CIA, puis emprisonné au Bureau de sécurité M-13.
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Il a été libéré le 26 décembre 1971.
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En 2000, Bizot a écrit un ouvrage, « Le Portail ».
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Selon son témoignage, il « s’appuie sur une reconstruction, un ressenti »
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, mais il ne se souvient plus de tous les événements qu’il avait relatés dans l’ouvrage au moment de son témoignage.
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Assistants cambodgiens de Bizot
Bizot avait deux assistants cambodgiens, Hok Lie et Kong Son.
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Ils ont été détenus avec Bizot et transférés au M-13 avec lui. Lorsque Bizot a été libéré, on lui a dit qu’ils le seraient également mais ils sont restés au M-13.
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En 2008, lorsque Duch était en détention, il a rencontré Bizot et lui a dit que Lie et Son avaient par la suite été exécutés dans un autre camp, approximativement un an après la libération de Bizot, sur ordre de l’échelon supérieur.
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M-13
Duch était à la tête du M-13.
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Sa réputation était celle d'un travailleur infatigable, qui parlait peu, très investi dans ses responsabilités de chef de camp.
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Bizot a témoigné que les gardes avaient dès lors un profond respect pour Duch.
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Selon Bizot, le travail de Duch était donc de dresser des rapports sur l’interrogatoire de détenus.
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Pour lui, son existence était entre ses mains.
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Toutefois, Bizot a considéré que Duch était également prisonnier de son travail et effrayé,
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et croyait que les décisions sur les prisonniers, comme lorsqu’ils devraient être exécutés, étaient prisent à un niveau de commandement plus élevé et relayés à Duch pour être mises en œuvre.
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Bizot a témoigné que Duch avait un adjoint et a estimé qu’il y avait environ 5 ou 6 gardes, avec de rares rotations.
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Duch était le supérieur de son adjoint et il pouvait outrepasser ses ordres.
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L’adjoint était une personne « plutôt brutale », mais Bizot ne se souvenait plus de son nom.
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La plupart des gardes étaient de jeunes hommes de village locaux dont les familles soutenaient la révolution.
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Les gardes organisaient des réunions « d’autocritique » avec un instructeur lors desquelles ils confiaient leurs petits écarts afin de mieux adhérer aux normes de comportement des Khmers rouges et s’accusaient ensuite mutuellement d’erreurs similaires.
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Bizot pensait que le M-13 était un centre de contre-espionnage.
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Il a témoigné que le camp M-13 n'était pas un camp où on recevait les prisonniers de guerre et a expliqué qu’un groupe de prisonniers de guerre est arrivé, mais que le camp s’est soulevé et que les prisonniers de guerre ont été renvoyés le jour suivant.
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Bizot a témoigné de l’atmosphère constante de peur et de mort à M-13.
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Il y a avait environ 50 prisonniers au M-13.
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La plupart étaient des paysans de régions sous le contrôle des Khmers rouges.
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Un moment, une petite fille d’environ neuf ans a été détenue à M-13 mais Bizot n’a pas vu d’autres enfants détenus là-bas.
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Les détenus étaient prisonniers dans trois baraques
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Dans chacune d’entre elles, ils étaient entravés sur une tringle commune.
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Ils devaient uriner et déféquer face au groupe, et certains prisonniers tombaient dans le petit trou utilisé pour la défécation.
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Bizot pouvait prendre un bain par jour.
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On donnait aux détenus une assiette de riz le matin
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et une fois que Duch a conclu que Bizot n’était pas coupable, il a également pu partager la soupe des gardes du M-13.
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La plupart des prisonniers étaient malades, tout comme Duch, mais Bizot est resté en bonne santé tout au long de sa détention.
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Une quinzaine de personnes ont succombé au paludisme lors de la détention de Bizot au M-13, dont un détenu informateur, comme cela est mentionné plus loin.
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Seul un petit nombre de détenus n’étaient pas entravés en journée, notamment ceux qui préparaient le repas le matin, ceux qui n’avaient pas travaillé et qui obéissaient au traitement qui leur était imposé, ainsi qu’un détenu qui était un informateur.
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L’un des détenus qui préparaient la nourriture s’est enfui et les gardes ont dit qu’ils l’avaient rattrapé et tué, mais Bizot n’est pas certain que ce soit le cas.
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Duch a personnellement interrogé Bizot.
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Bizot n’a pas été battu durant les interrogatoires,
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mais il pleurait ou se fâchait face à l’injustice de sa détention.
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Il a observé que Duch comparait les diverses déclarations de Bizot minutieusement et l’interrogeait en cas d’incohérence.
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Bizot a dû rédiger une déclaration d’innocence et démontrer à Duch qu’il étudiait bien le bouddhisme cambodgien.
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À ce moment, Duch a déclaré à Bizot qu’on avait découvert qu’il était un espion, mais lorsque Bizot s’est effondré, Duch l’a relevé et lui a dit qu’il s’agissait d’une plaisanterie.
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Bizot a cru deviner que les prisonniers de M-13 étaient battus
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, même si lui ne l’a pas été.
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La veille de sa libération, Duch a déclaré à Bizot qu’il battait parfois personnellement les prisonniers qui mentaient, or il détestait cela.
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Si Duch n’a pas exprimé de remord, il a semblé mal à l’aise mais a considéré qu’il s’agissait de quelque chose qu’il devait faire.
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Bizot a également vu un endroit près duquel il se baignait et où des prisonniers étaient attachés dehors.
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Il lui semblait que les prisonniers qui étaient sortis du camp y étaient amenés pour être exécutés, mais il n’a pas pu le confirmer.
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La Chambre de première instance s’est appuyée sur son témoignage (ainsi que d’autres) pour conclure que Duch a personnellement supervisé l’interrogatoire de détenus qui étaient fréquemment emmenés dehors par son personnel par la violence.
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Relation avec Duch
L’incarcération et l’interrogatoire de Bizot l’a mis en contact étroit avec Duch et ils ont développé une certaine proximité.
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Bizot pensait que Duch avait pris un risque en le libérant,
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mais la position de Duch dans le camp le rendait selon lui effrayant.
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De même, il a reconnu que Duch était un être humain qui se percevait comme luttant contre l’injustice, tout en reconnaissant l’inhumanité de sa conduite,
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et il a conclu qu’il n’y avait aucun pardon possible pour ses crimes à cause des souffrances qu’il avait fait subir à ses victimes.
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Date | Procès-verbal d’audience | Numéro de transcription |
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mercredi 8 avril 2009 | E1/10 | E1/10.1 |
9 avril 2009 | E1/11 | E1/11.1 |
Titre du document en khmer | Titre du document en anglais | Titre du document en français | Numéro de document D | Document numéro E3 |
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សៀវភៅដែលនិពន្ធដោយលោក François Bizot ដែលមានចំណងជើងថា “ខ្លោងទ្វារធំ” | Book entitled “The Gate”, written by François Bizot | Ouvrage intitulé « Le Portail », de François Bizot | D80/4 | E3/4 |
កំណត់ហេតុនៃការស្តាប់ចម្លើយសាក្សី François Bizot របស់ចៅក្រមស៊ើប ចុះថ្ងៃទី២២ ខែមករា ឆ្នាំ២០០៨ | Written Record of Interview of witness François Bizot by OCIJ on 22-01-2008 | Procès-verbal de l’audition du témoin François Bizot par le BCI le 22-01-2008 | D40 | E3/6 |