SUOS Thy

Pseudonyme: KW-07

Cas: Dossier n° 001

Catégorie: Témoin

Rappel des faits et rôle

Suos Thy, agriculteur, a rejoint la milice Khmère rouge en 1971. Il est réaffecté comme infirmier après avoir été blessé en 1973, et commence à travailler à la prison PJ (la prison centrale de la police) fin 1975 à la demande de Hor, chef de régiment de la Division 703. À la fin 1975 ou au début 1976, la prison PJ a déménagé à Tuol Sleng, et Thy fit de même. Duch a reconnu le rôle de Thy au S-21, décrivant son témoignage comme fiable. La Chambre de première instance s'est appuyée sur le témoignage de Thy pour tirer des conclusions sur la structure et le fonctionnement du S-21, sur les personnes qui y étaient détenues et sur la manière dont elles étaient traitées et finalement tuées.

Prison PJ

La prison PJ relevait de la division 703. Nat a été le premier directeur, et Huy était son adjoint. Duch a ensuite remplacé Nat. Thy avait la responsabilité de l’établissement des listes de détenus amenés à la prison PJ. Il enregistrait le nom du détenu, le nom de ses parents, et d’où ils venaient. Il estimait qu’il y avait moins de 100 détenus, pour la plupart des ouvriers d’usine et des « gens du 17avril ». Il a dit qu’il ne savait pas pourquoi les gens étaient détenus dans la prison PJ. Lorsque la prison PJ a été fermée, tous les détenus ont été transférés au S-21.

Structure de commandement du S-21

Duch était le directeur du S-21 ; tout passait par lui. Duch donnait des instructions à son adjoint Hor, qui les relayait à Thy. Lorsque la prison PJ a été transférée au S-21, Thy a également été transféré. Il était initialement chargé de tenir des listes, de rédiger et d'enregistrer les biographies des détenus et de rendre compte du nombre quotidien de détenus entrants et sortants. Devant le tribunal, Thy a déclaré qu’il avait établi des listes de détenus et des biographies. Il consignait la situation des détenus, par exemple s'ils étaient malades, s'ils s'étaient évadés ou s'ils étaient décédés, et établissaient un rapport quotidien. Tous les jours à 7 heures, Thy donnait une liste des détenus entrants. Après que Hor avait signé la liste, Thy l’apportait à Meng, le chef de l’unité d’interrogatoire. Peng était en charge des listes des détenus au S-21. Thy a expliqué que S-21 comprenait trois unités primaires : S-21A, qui comprenait l'unité d'interrogatoire et les sections d'économie, de photographie et de dactylographie ; S-21B, qui comprenait l'unité des gardiens (y compris l'unité spéciale) et les cuisiniers des cadres ; et S-21D, l'unité des rizières ou unité de rééducation, plus tard connue sous le nom de S-24. Thy servait au S-21B. L’unité médicale faisait initialement partie du S-21A, mais après que les soignants d’origine ont été arrêtés, les nouveaux soignants ont été intégrés au S-21B. Thy a conclu que l’état-major général supervisait le S-21. Les membres du personnel du S-21 craignait que leurs supérieurs ne les arrêtent ou ne les tuent. Même Hor avait peur de Duch. Thy a prétendu qu’il n’aimait pas son travail, mais qu’il avait le sentiment qu’il devait continuer, faute de quoi il serait arrêté ou tué comme les autres membres du personnel. Devant le tribunal, il a exprimé le regret de ce que des détenus ont été tués.

Les détenus

Les détenus amenés au S-21 provenaient de tout le Cambodge. L’Unité spéciale amenait les détenus menottés et les yeux bandés et Thy enregistrait une brève biographie, notamment le nom du détenu, ses fonctions, et d’où il provenait. Les détenus étaient déshabillés et laissés en sous-vêtements et privés de leurs effets, photographiés et mis en cellule. Thy enregistrait le lieu de détention du détenu. Les photographies des détenus étaient ensuite jointes à leur biographie. En règle générale, les détenus étaient amenés en petit nombre, mais vers la fin de l'année 1978, certains groupes ont été amenés en masse. Les petits groupes de personnes étaient amenés à pied, les groupes plus grands en véhicule. Des familles entières étaient arrêtées : les femmes avec les maris et les enfants avec les parents. Les enfants n'étaient pas été photographiés, leur biographie n'était pas établie et ils n'étaient pas été inscrits sur les listes officielles. Environ 100 civils vietnamiens et un nombre inférieur de soldats vietnamiens étaient détenus ; leur interrogatoire était supervisé par Nam Nai, alias Chan. Les détenus importants étaient placés dans une prison spéciale. S’il tombait malade, Duch en était informé. Thy n'était pas impliqué lorsque ces détenus étaient écrasés, mais Hor l'informait afin qu'il puisse les intégrer dans les rapports. Environ 100 membres du personnel du S-21 ont été arrêtés sur ordre de Duch ; Hor a donné leur nom à Thy ultérieurement. Après leur arrestation, ils étaient traités comme les autres détenus et finalement tués. Tous les membres de l’équipe médicale ont été arrêtés et remplacés par des adolescents.

Conditions de détention

La plupart des détenus étaient mal nourris et détenus dans des salles mal ventilées. Certains sont morts de faim ou ont été torturés presque jusqu'à la mort. Lorsqu’un détenu mourait, l’unité médicale établissait un rapport indiquant qu’il avait été malade. Lorsque les détenus mouraient, ils modifiaient la liste des détenus. Il y avait des listes de détenus qui devaient être écrasés et de ceux dont le sang devait être tiré. Duch devait autoriser les éventuels retraits de détenus du S-21, et donnait l’identité de ceux qui devaient être écrasés. Duch donnait à Hor des listes avec des annotations que Hor transmettait à Thy. Thy enregistrait ensuite le numéro de salle du détenu et Hor désignait les gardiens qui allaient les chercher dans leur cellule. Thy confirmait l’identité du détenu au portail d’entrée. Ils étaient ensuite emmenés pour l’exécution, souvent en camion habituellement vers 16h. Les enfants étaient séparés de leurs parents et étaient tous tués. Après les exécutions, Thy vérifiait la liste des détenus restants et fournissait une liste des détenus écrasés. Thy ne se souvient d’aucun détenu qui aurait été libéré, bien que l’un d’entre eux se soit échappé. Il n’a pas le souvenir de détenus qui seraient restés au S-21 plus de deux mois. À la fin 1978 ou au début 1979, tous les détenus ont été emmenés et tués à l’exception de ceux qui étaient autorisés à travailler et de ceux qui se trouvaient dans la prison spéciale. L'unité médicale demandait à Hor l'autorisation de prélever du sang sur les détenus, et Hor demandait l'autorisation à Duch. Si l’autorisation était donnée, Thy indiquait aux gardiens l’endroit où les détenus concernés étaient détenus. Thy estime à 20 le nombre de détenus dont le sang a été tiré, bien que la Chambre ait constaté que plus de 100 d’entre eux ont été soumis à ce traitement. Lorsque du sang était tiré d’un détenu, cela était signalée à Hor, qui l'inscrivait sur la liste des détenus à écraser.

Départ du S-21

Thy, les autres membres du personnel et les détenus qui travaillaient du S-21 ont fui le 7 janvier 1979. Thy a prétendu que l’arrivée des troupes vietnamiennes a été une surprise et qu’il n’existait aucun plan pour détruire des documents. La Chambre a pris note de son témoignage en concluant que certains documents ont pu être perdus lors de l'abandon du S-21.

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Témoignage
Date	Procès-verbal d’audience	Numéro de transcription
lundi 27 juillet 2009	E1/54	E1/54.1
28 juillet 2009	E1/55	E1/55.1

Documents pertinents
Titre du document en khmer	Titre du document en anglais	Titre du document en français	Numéro de document D	Document numéro E3
កំណត់ហេតុនៃការស្តាប់ចម្លើយសាក្សីឈ្មោះ សួស ធី របស់សហ ចៅក្រមស៊ើបអង្កេត ចុះថ្ងៃទី១៨ តុលា ឆ្នាំ២០០៧	Written Record of Interview of SUOS Thy by OCIJ on 18 October 2007	Procès-verbal de l’audition du témoin SUOS Thy par le Bureau des co-juges d’instruction le 18 octobre 2007	D22/9	E3/444
ឧបសម្ព័ន្ធ៨៖ បទសម្ភាសន៍ជាមួយ សួស ធី	Interview with Suos Thy	Interrogatoire de Suos Thy	D61/I-Annexe 08.2	E3/445