COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU CO-JUGE D'INSTRUCTION INTERNATIONAL

Après sa désignation le 1er décembre 2010, le co-juge d’instruction international auprès des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens a instruit les dossiers n° 003 et 004 en considérant que les précédents propos attribués au Premier ministre cambodgien à l’occasion d’une rencontre avec le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, à savoir que ces dossiers « ne seraient pas autorisés », ne reflétaient pas la politique générale arrêtée par le Gouvernement royal du Cambodge en la matière.

Il a néanmoins été forcé de constater, le 10 mai 2011, la déclaration suivante du Ministre cambodgien de l’information : « s’ils s’avisent de toucher aux
dossiers 003 et 004, ils n’ont plus qu’à faire leurs valises et à partir ». Le co-juge d’instruction international a réagi à ces propos en engageant une procédure d’outrage à l’encontre du ministre concerné, en pensant que cela constituerait un avertissement pour les autres responsables du Gouvernement. Or, la semaine dernière, en lisant la presse, il tombe sur la phrase suivante attribuée au Ministre des affaires étrangères cambodgien : « Quant à savoir s’il faut arrêter d’autres dirigeants khmers rouges, c’est le problème du Cambodge… c’est au seul Gouvernement cambodgien d’en décider. (Cambodia Daily, 5 octobre 2011).

Si le co-juge d’instruction international ne se laissera pas influencer par de telles déclarations, il n’en demeure pas moins que cette situation est de nature à faire continuellement planer le doute sur sa capacité à résister à une telle pression de la part des autorités cambodgiennes et à exercer sa mission en toute indépendance. Le co-juge d’instruction international craint également que cette situation ne puisse empêcher certains de douter de la capacité des CETC à conduire l’ensemble des procédures dans les dossiers 003 et 004 avec toute l’intégrité voulue.

En raison de ces déclarations répétées, qui seront perçues comme des tentatives d’ingérence de responsables du Gouvernement royal du Cambodge dans les dossiers n° 003 et 004, le co-juge d’instruction international a présenté sa démission au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies le 9 octobre 2011.