Case 002 Witnesses, experts and Civil Parties

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Mme YI Laisov

La témoin Mme Yi Laisov, 57 ans a témoigné sur les mariages forcés et les conditions de travail sur le site de Trapeang Thma Dam. Elle a expliqué qu'on lui avait dit demandé de se marier à un homme appelé Rhom. Elle a ajouté que le chef de l'unité l'a menacé qu'elle et sa famille seraient tués si elle refusait de se marier. Elle a témoigné que les personnes qui étaient considérés comme paresseuses par les chefs devaient assister à des réunions d'autocritique. Elle a également témoigné que Ta Val était en charge du chantier du barrage de Trapeang Thma.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 20 août 2015
M. CHHUM Seng

M. CHHUM Seng, agee de 61 était un ancien soldat de Lon Nol et un chef d'entreprise dans le chantier du barrage de Trapeang Thma durant le régime des Khmers rouges. Le témoin a décrit les arrestations des cadres de la zone Nord-Ouest et des anciens soldats de Lon Nol. En ce qui concerne les disparitions, M. Seng a déclaré que deux personnes avaient disparu de son unité et qu'il ne savait pas où et comment ils avaient disparu, car ils ne sont jamais revenus. Le témoin a déclaré qu'ils étaient surveillés pendant la nuit, et ceux qui parlaient contre l'Angkar étaient transférés dans une autre unité pour etre surveillés. Il a mentionné un proverbe qui dit "Même un poisson meurt si il parle trop" pour décrire la situation. Il a également expliqué que les travailleurs étaient forcés à se marier entre eux selon leurs biographies.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 17 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 18 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 19 août 2015
M. LAT Suoy

 

M. LAT Suoy, 55 ans, était un soldat du 513ème bataillon du secteur 5. À partir de la fin de l’année 1976, il a travaillé comme garde sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma, où il était placé sous les ordres de Ta Nak. Dans le cadre de sa déposition, le témoin a rapporté que l’on faisait subir des tests aux travailleurs qui prétendaient avoir des problèmes de vision la nuit. Il a aussi expliqué les modalités selon lesquelles les rations alimentaires étaient distribuées et déclaré qu’il n’y avait pas assez d’eau potable. De surcroît, le témoin a évoqué l’arrivée des cadres de la zone Sud-Ouest sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma et leur prise en charge de la direction du barrage. LAT a également expliqué comment les soldats de la zone Nord-Ouest avaient commencé à transporter et à cacher des armes dans la jungle pour se défendre à l’arrivée des soldats de la zone Sud-Ouest. Selon le témoin, les conditions de travail de même que les conditions sanitaires sur le site étaient mauvaises.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 11 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 12 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 13 août 2015
M.OM Chy

M. Om Chy, âgé de 62 ou 63 ans, dit avoir dirigé une unité mobile de 500 personnes sur le chantier du barrage du 1er janvier. Il a décrit les dures conditions de travail sur le site et affirmé que personne n'y avait travaillé de son plein gré. Selon Om Chy, les oisifs et les paresseux étaient envoyés en rééducation. Il a également déclaré que quiconque s'y opposait était considéré comme un ennemi. Om Chy a également déclaré avoir entendu dire que des personnes avaient été arrêtées et emmenées au centre de sécurité de Bagota. Il a dit que les personnes arrêtées ne réapparaissent jamais. Le témoin a déclaré qu'en 1977, il était prévu de procéder à une purge, mais qu'il n'était pas au village à ce moment-là. Le témoin a raconté qu'il avait été envoyé travailler dans une autre commune à 20 km du village où il travaillait auparavant. Il a rapporté que lorsqu'il est revenu au village, son voisin avait disparu. Il a également appris que 5 familles avaient été purgées. M. Chy a également indiqué que les mariages étaient arrangés selon les biographies des ouvriers.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 30 juillet 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 30 juillet 2015
M. OM Chy

 

M. Om Chy, qui a 62 ou 63 ans, a raconté qu’il avait dirigé une unité mobile de 500 personnes sur le site de travail du barrage du 1er Janvier. Il a décrit les difficiles conditions de travail sur le site et affirmé que personne n’y avait travaillé de son plein gré. D’après Om Chy, les personnes oisives et les fainéants étaient envoyés en rééducation. Il a aussi déclaré que quiconque s’opposait était considéré comme un ennemi. Om Chy a également déclaré qu’il avait entendu dire que des gens avaient été arrêtés et emmenés au centre de sécurité de Bagota. Il a précisé que les personnes arrêtées ne réapparaissaient jamais. Le témoin a déclaré qu’en 1977, il avait été prévu de procéder à une purge mais qu’il n’était pas au village à ce moment-là. Le témoin a relaté qu’il avait été envoyé travailler dans une autre commune à 20 km du village où il avait travaillé auparavant. Il a rapporté qu’à son retour au village, son voisin avait disparu. Il a aussi entendu dire que 5 familles avaient fait l’objet d’une purge. M. Chy a aussi indiqué que les mariages étaient arrangés selon les biographies des travailleurs.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 30 July 2015
Mme. Khin Vat

 

Mme Khin Vat, 65 ans, a déclaré qu’elle a commencé à travailler sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang après la disparition de son mari pour liens supposés avec le Vietnam. Le témoin a déclaré qu’elle avait officiellement appartenu à la 502ème division, où elle avait sous son autorité l’unité des femmes qui était chargée de la garde des enfants et de cultiver la terre. Au cours de sa déposition, elle déclaré que, même les malades étaient obligés de travailler, évaluant entre 5 et 10 le nombre de personnes malades dans son unité chaque jour. Elle a aussi déclaré qu’à peu près 5 travailleurs mouraient chaque jour du surmenage et du paludisme. Elle a relaté la visite effectuée par une délégation chinoise sur le site de travail. Elle a aussi entendu dire que des hauts dirigeants avaient inspecté le site de travail. D’autres personnes sur le site de travail lui ont raconté que Khieu Samphan ˗ mieux connu sous le nom de « deuxième oncle [ou] oncle numéro deux » ˗ en particulier s’était rendu sur le chantier de construction de l’aéroport. Le témoin a raconté qu’elle s’était enfuie du site de construction de Kampong Chhnang en 1979. Elle pense qu’elle est arrivée sur le site au milieu de l’année 1978.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 30 July 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 - 29 July 2015
M. Mam Soeurm (HENG Samouth)

 

M. Soeurm, 59 ans, est né dans la province de Phnom Penh. Il a déposé au sujet de ce qu’il a vécu alors qu’il travaillait sur le site de construction du barrage de Trapeang Thma en 1977. Il y a travaillé en tant que membre d’une unité mobile rattachée au secteur 5. Il a déclaré qu’à cette époque, les gens étaient constamment surveillés. Il a dit qu’on lui avait raconté que des membres de son unité avaient été arrêtés apparemment sans raison. Le témoin a aussi déposé au sujet des conditions de travail sur le barrage ; il a décrit les quotas journaliers de terre que les travailleurs étaient supposés réaliser et les visites effectuées par des délégations d’observateurs étrangers sur le site de travail. Il a également parlé des rations alimentaires et des conditions d’hygiène sur le site de travail, qui étaient insuffisantes. Il a, par ailleurs, insisté sur l’absence de traitement médical sur le barrage. Enfin, il a parlé d’une unité de travail spéciale où les travailleurs qui ne réalisaient pas leur quota quotidien étaient envoyés. Dans cette unité, a expliqué le témoin, les conditions de travail étaient encore plus dures que dans les unités normales

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 28 juillet 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 - 29 July 2015
M. TOIT Thoeurn [Corrected 2] Transcription - Dossier n° 002/01 – 6 Juillet 2015
M. Sâm Sithy

Le témoin, SAM Sithy, a fourni un récit de première main extrêmement crédible et détaillé de l'exécution de son père, un ancien soldat de Lon Nol, et du massacre de plusieurs familles, dont la sienne.

[Corrected 1] Transcription - Dossier n° 002/01 – 3 juillet 2015
SAO Van alias (SAO Pok alias SAO Po) [Corrige 1] Transcription - Dossier n° 002/01 – 2 Juillet 2015
Mme Kong Uth

 

Mme Kong Uth, qui a 63 ou 64 ans, a appartenu à une unité mobile de son village de 1975 à 1979, et, en cette qualité, elle a été amenée à se rendre sur un grand nombre de sites de travail. Elle a travaillé sur le site de travail du barrage du 1er Janvier qui, a-t-elle confirmé, était qualifié de « champ de bataille chaud », du fait de l’intensité du travail et des longues journées de travail (qui débutaient à 4 heures du matin). La plupart des travailleurs avaient entre 23 et 25 ans, en particulier les femmes célibataires qui, pensait-on, étaient plus fortes que les autres pour travailler. Il y avait des dizaines de milliers de travailleurs mais pas d’enfants. Lors de réunions de critique, on disait aux travailleurs de travailler plus dur. Elle a déclaré qu’elle souffrait encore aujourd’hui du travail très dur et pénible effectué à l’époque. Elle a déclaré qu’elle n’avait jamais volé de la nourriture bien qu’elle n’eût pas assez à manger mais qu’il lui était arrivé de boire de l’eau sale lorsqu’elle avait soif même si elle tombait malade après. Les gens étaient fréquemment malades et les accidents dus aux éboulements de la roche qui tombait sur les travailleurs étaient nombreux. Pour soulager la peine, ils avaient recours aux massages traditionnels, en particulier à l’aide d’une pièce dure. Elle a relaté que des milices armées et des gardes surveillaient les travailleurs. Aucun membre de sa famille n’a été tué sous le régime mais elle a été forcée à consentir à un mariage arrangé

Transcription - Dossier n° 002/02 – 25 June 2015
M. Him Hân

 

M. Him Hân, 66 ans, appartenait à la 310ème division où il était chargé de trier les biographies des cadres de l’Armée révolutionnaire du Kampuchéa en les classant selon qu’elles étaient « bonnes » ou « mauvaises ». En janvier 1976, alors qu’il était devenu un membre candidat, il a perdu tous ses droits après avoir été accusé d’être lié à l’ennemi et il a été envoyé travailler à Kampong Chhnang en tant que travailleur ordinaire. Il a qualifié les conditions d’épuisantes et de mauvaises. Avant qu’il ne fût procédé aux purges au sein de la 310ème division, le témoin avait été convoqué à un rassemblement au stade olympique où, a-t-il déclaré, il a vu les hauts dirigeants khmers rouges, en ce compris Ieng Sary, Khieu Samphan, Pol Pot et Nuon Chea. Il a rapporté que les gens avaient commencé à disparaître à la suite des purges menées au sein de la 310ème division, en expliquant que c’était aussi une menace qui planait sur eux lorsqu’ils travaillaient à Kampong Chhnang. Il a déclaré que le commandant de la 310ème division, Oeun, et les commandants adjoints avaient été arrêtés par des cadres de la zone Sud-Ouest, et qu’il avait découvert que Oeun avait été envoyé ailleurs après une réunion à Wat Phnom. Le témoin a déclaré avoir été envoyé à Kampong Chhnang, où il a été démobilisé. Il a décrit les mauvaises conditions de travail et l’insuffisance des rations alimentaires et affirmé que le travail était très dur et la charge de travail épuisante. Les travailleurs n’étaient pas autorisés à se déplacer librement ni à rendre visite à d’autres unités, et il avait reçu ordre de ne pas parler aux gens de la zone Est avec qui il travaillait, sinon elles disparaîtraient. Dans son unité, les gens cachaient qu’ils étaient malades pour ne pas passer pour paresseux ; il a rapporté que des personnes étaient mortes ou avaient été blessées suite à l’explosion de roches. Il a confirmé qu’il y avait beaucoup de travailleuses et de techniciens chinois sur le site.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 23 juin 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 24 June 2015
M. SEM Hoeurn

 

M. Sem Hoeurn n’avait que 15 ans au moment du coup d’État de Lon Nol, lorsqu’il s’est engagé aux côtés des Khmers rouges en pensant qu’il allait libérer son pays. Mais, il a alors perdu ses illusions sous ce régime et, considéré comme un ‘profane’ pour avoir « enfreint » la discipline, on l’a envoyé travailler. Il était à Wat Phnom après l’occupation de la ville, et il a vu des gens se faire torturer au cours de son entraînement militaire. Son unité avait été envoyée cultiver du riz. Là, il était supposé produire cinq tonnes de riz par hectare avec pour seuls outils une houe et ses mains. Il a déclaré qu’il n’aimait pas le régime, parce que celui-ci maltraitait les soldats et sa propre population et qu’il privait les gens de liberté. Il a qualifié ce régime de « prison sans murs », comme ils n’étaient pas autorisés à se déplacer. Il a expliqué que les gens étaient accusés d’être des espions de la CIA ou du KGB, et considérés comme des obstacles à la révolution. Il a décrit les mauvaises conditions de travail imposées et les exécutions commises, et il a déclaré avoir vu Khieu Samphan sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang. Bien qu’il fît partie du régime au moment de la prise de Phnom Penh, M. Sem Hoeurn fut envoyé travailler comme un citoyen ordinaire sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, parce que considéré comme un ‘élément défaillant’. Invité à se justifier par rapport aux divergences relevées entre ses dépositions en qualité de témoin et ses déclarations recueillies auparavant par le DC-CAM, il a attribué ces différences au temps qui s’était écoulé entre ces deux périodes.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 17 Juin 2015, [Corrected 1] Transcription - Dossier n° 002/02 – 22 June 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 23 juin 2015
M. Yean Lon

 

M. Lean Lon, 73 ans, a été envoyé travailler dans une unité mobile sur le site de travail du barrage du 1er Janvier par le chef du village. Il a décrit les conditions de vie et de travail sur le site. Le quota journalier qui leur était assigné était de quatre mètres cube de terre à creuser avec pour seul outil une houe. Selon les dires du témoin, il travaillait très dur, parfois jusqu’à 22 heures. Il a déclaré que la nourriture était insuffisante et qu’on ne leur donnait pas d’eau potable. Il a aussi relaté que les travailleurs devaient continuer à travailler même s’ils tombaient malades et qu’il n’y avait pas assez de médicaments sur le site pour les soigner. Le témoin a admis qu’après avoir travaillé sur le barrage, il avait appartenu à la milice d’un village mais il a nié avoir été le chef des bourreaux, comme l’avait affirmé un témoin qui l’avait précédé dans le prétoire.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 - 16 juin 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 - 17 juin 2015
M. Keo Loeur

 

KEO Loeur, 64 ans, a commencé sa déposition en répondant à des questions des co-procureurs. D’après le témoin, il aurait été blessé au combat à la fin de l’année 1974 et emmené à l’unité K4. KEO a déclaré qu’en 1977, il y a eu une purge au sein de la 310ème division, dirigée contre des ‘adjoints’ originaires de la zone Nord. Plus tard, après avoir été accusé d’être un ennemi, il a été envoyé sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, le 15 janvier 1978, où il est resté jusqu’au 7 janvier 1979. Le témoin a raconté que les travailleurs n’étaient pas autorisés à se déplacer librement ; qu’ils n’étaient pas payés ; qu’ils n’avaient pas assez à manger (à peine un bol de riz) et qu’ils travaillaient tous les jours du mois. KEO a déclaré que les gens mouraient par suite des difficiles conditions de vie. Il n’avait pas vu le moindre garde mourir d’épuisement ou de faim. C’est uniquement s’ils étaient vraiment malades que les gens étaient autorisés à aller à l’unité médicale, où ils étaient soignés avec des médicaments traditionnels. Le témoin a aussi déclaré qu’il avait vu une trentaine de cas où des personnes avaient été torturées au motif qu’elles avaient été considérées comme des traîtres. Interrogé sur son arrivée sur le chantier de construction le 15 janvier 1978, KEO a déclaré qu’il avait assisté à plusieurs réunions où on leur avait dit de travailler dur, s’ils ne voulaient pas être arrêtés et torturés. D’après le témoin, les travailleurs étaient emmenés à ces réunions puis conduits ailleurs. Il a affirmé de ne pas connaître les noms des supérieurs qui présidaient ces réunions.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 12 June 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 15 June 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 16 juin 2015
M. Keo Kin

 

M. Keo Kin, qui a 49 ou 50 ans, a appartenu au 502ème régiment de la 1ère division de l’armée khmère rouge, de 1972 à avril 1975. Il a dit qu’après son engagement dans la révolution khmère rouge en 1972, la discipline était devenue de plus en plus stricte. Le témoin appartenait à un groupe de messagers qui portait les messages de Kampong Chhnang à peu près une à deux fois par mois. Il a déclaré que, lorsque son chef avait appris, qu’avant le 17 avril 1975, son père avait appartenu au régime précédent, on ne lui (au témoin) avait plus fait confiance et il avait été envoyé sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang. La construction de l’aéroport avait débuté à la fin de l’année 1975 avec un groupe de 10 personnes. En 1976, plusieurs nouvelles vagues de soldats étaient arrivées, le témoin évaluant à un millier environ le nombre de travailleurs présents sur le chantier à leur suite. Le témoin était chargé de construire des garages pour les véhicules et, lorsqu’il ne construisait pas de garage, de transporter les jeunes plants de riz et de faire pousser des légumes. Le témoin a déclaré que la construction de l’aéroport était tenue secrète et qu’il y avait des gardes pour surveiller le chantier, les civils ordinaires n’étant pas autorisés à y pénétrer. Lorsqu’on l’a interrogé sur les conditions de vie et de travail sur le site de construction, le témoin a déclaré que les travailleurs travaillaient jusque tard dans la nuit ; que l’eau était impropre à la consommation ; que les gens étaient obligés de se soulager dans la forêt toute proche ; qu’ils attrapaient la malaria, qu’il n’y avait pas de personnel médical sur le site ; qu’il n’y avait ni lit ni moustiquaire dans les dortoirs, que les corps des travailleurs enflaient et qu’ils avaient la diarrhée ; enfin, qu’il avait vu des travailleurs blessés par des éclats de pierres qui étaient tombées des camions qui passaient.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 10 June 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 11 June 2015
M. Chan Morn

 

M. Chan Morn, 59 ans, a déclaré qu’il avait été convoqué pour s’engager dans la révolution en mars 1970 alors qu’il faisait des études. Il était chargé de porter les messages pour la commune et aussi de transporter les vivres. En 1972, il était devenu messager pour l’armée. Après la révolution khmère rouge en 1975, il a été affecté à une unité de transport où il était chargé d’amener les cargaisons sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang. Le témoin y est resté trois mois pour accompagner la délégation chinoise qui faisait des forages et prenait des mesures. Il a décrit divers accidents survenus dans différentes unités et également évoqué le surmenage, la malnutrition et les suicides sur le chantier. Il a déclaré que les gens étaient emmenés la nuit et transportés en camions à Phnom Penh, d’où provenaient les camions. Le témoin avait été accusé d’avoir acheminé du riz à l’ennemi et, le lendemain, il a été conduit au centre de sécurité de Toul Sleng pour y être incarcéré. Chan Morn a relaté comment il s’était enfui du centre de détention avec l’aide de son ancien collègue de l’unité des messagers

Transcription - Dossier n° 002/02 – 09 June 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 10 June 2015
Mme Sou Soeurn

 

Le témoin, Mme Sou Soeurn, 79 ans, était la femme du secrétaire de la zone Centrale, Ke Pauk. Elle appartenait au comité du district de Prek Prosab. Elle a personnellement visité le site de travail du barrage du 1er Janvier à maintes reprises. Elle a déclaré que les travailleurs vivaient dans de bonnes conditions puisqu’ils disposaient de nattes en bambou et de couvertures pour dormir, de deux repas par jour et de l’eau des ruisseaux. Elle a exposé les raisons pour lesquelles on faisait tourner les travailleurs tous les trois mois et déclaré que, sur le site de travail, les rations alimentaires qui étaient fournies par la zone étaient meilleures que celles dont disposaient les coopératives. S’agissant des mariages arrangés dans son district, le témoin a déclaré que c’est le chef du district qui acceptait ou non les couples proposés.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 04 juin 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 05 June 2015
M. Uth Seng

 

Le témoin, M. Uth Seng, 59 ans, a travaillé sur le site de travail du barrage du 1er Janvier, où il était chargé de creuser la terre au sein de l’unité de jeunes. Il a évoqué les rations alimentaires insuffisantes, l’absence d’assainissement et le peu d’hygiène sur le site de travail du barrage. Il a décrit l’unité spéciale pour les travailleurs paresseux, où les gens devaient travailler plus dur et où ils étaient fouettés par le chef de l’unité. Il a aussi évoqué les réunions de critique qui se tenaient à la fin des journées de travail. M. Uth s’est souvenu qu’une nuit, il avait été témoin de l’arrestation de plusieurs travailleurs que les miliciens avaient emmenés et tués

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 02 juin 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 03 juin 2015
Mme Meas Layhuor

 

Mme Meas Layhuor, 57 ans, a été affectée à une brigade mobile sur le site de travail du barrage du 1er Janvier, où elle était chargée de transporter de la terre, en 1977. Plus tard, elle a été envoyée travailler sur le site de travail du barrage du 6 Janvier. Elle a expliqué que le site du barrage du 1er Janvier était un « champ de bataille chaud » en raison des très longues journées de travail et de l’absence de pauses et du fait qu’un glissement de terrain avait tué plusieurs ouvriers. Le témoin a décrit les conditions de vie et l’absence de liberté sur le site de travail, en ce compris l’obligation de se soulager dans la forêt, la présence de nombreuses mouches lorsqu’ils mangeaient, les mariages arrangés, les mauvaises conditions d’hébergement, les maladies comme la malaria et la dysenterie, l’absence de soins appropriés sur place, le manque d’hygiène et le système de surveillance en place. Le témoin a expliqué que lorsque des gens venaient visiter le site de travail du barrage du 1er Janvier, il était dit aux travailleurs de transporter la terre en courant pour donner l’impression de prendre des initiatives dans leur travail et que, si les travailleurs ne réalisaient pas leur quota d’un mètre cube de terre à transporter par jour, ils étaient punis.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 - 25 May 2015 , Transcription - Dossier n° 002/02 - 26 May 2015
M. Pech Sokha

 

M. Pech Sokha, 55 ans, a expliqué que le chef de son groupe lui avait enjoint de quitter l’école pour aller travailler sur le site de travail du barrage du 1er Janvier et, qu’en 1977, il avait été affecté à un groupe de géomètres, mais qu’il lui était aussi arrivé de prêter main forte aux travailleurs manuels. Deux des autres géomètres du site ont disparu. Plus tard, le témoin a appris qu’ils avaient été arrêtés et tués. Il a relaté que son instituteur lui avait conseillé de « faire le sourd-muet » s’il voulait survivre. M. Sokha avait appris par les annonces diffusées par haut-parleurs que les travailleurs devaient transporter deux mètres cube de terre par personne et que quelque 20.000 personnes étaient nécessaires pour construire le barrage. Le témoin a décrit la disparition de deux secrétaires de secteur et la surveillance des travailleurs sur le site de travail par des soldats de la zone. Il a exprimé son accord avec le fait que l’hygiène était déplorable.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 20 May 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 - 21 mai 2015
M. OR Ho

M. Or Ho, 70 ans, a fait partie de la révolution communiste de 1972 à 1978 et été chef de village de 1975 jusqu’en juillet 1978, date à laquelle il a été démis de ses fonctions par l’Angkar. Le témoin a relaté le temps passé sur le site de travail du barrage du 1er Janvier, en soulignant le manque d’hygiène et de nourriture, et en parlant de la répartition de la population de la commune en différentes catégories (le peuple de plein droit, le peuple candidat et le peuple déchu) ainsi que des groupes de travail. Il a décrit trois cérémonies de mariages arrangés, qui avaient été organisées en 1977 et en 1978, et déclaré qu’il y avait quelque deux mille travailleurs sur le site de travail. Le témoin a évoqué un accident survenu sur le chantier lorsque le sol s’était effondré et avait enseveli les travailleurs, dont certains ont péri. Il a aussi parlé de la période où il avait réussi à cacher et, ainsi à sauver, 8 familles sur 15 auxquelles il avait été demandé d’aller vivre dans un autre village.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 19 May 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 20 mai 2015
Mme Vorng Sarun

Mme Vorng Sarun, 61 ans, a déclaré qu’avant l’arrestation et l’exécution de son mari, elle avait travaillé avec lui à l’hôpital 22. Elle a expliqué qu’en 1977, elle a été emmenée à Kraing Ta Chan avec son bébé d’un an. D’après le témoin, ils recevaient très peu à manger et son enfant était battu. Elle a décrit à la Chambre l’interrogatoire qu’elle avait subi une semaine après son arrestation. Elle a relaté les cas d’un ancien soldat et d’une femme qui avaient essayé de s’enfuir mais qui avaient été attrapés et sévèrement battus. Mme Vorng a aussi indiqué qu’elle avait vu des personnes qui étaient emmenées pour être exécutées et que la musique diffusée, à ce moment-là, était très forte

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 18 mai 2015
M. Ek Hoeun

M. Ek Hoeun, 78 ans, a expliqué que sa vie était en danger sous les Khmers rouges parce qu’il était de nationalité vietnamienne, laquelle était « indésirable ». Il a déclaré avoir bénéficié de la protection de son cousin Ta Chim, qui l’avait caché dans le bureau du district de Tram Kok et l’avait chargé de décharger les sacs de riz des camions en provenance de Chine. Le témoin a été interrogé sur le traitement réservé aux Vietnamiens et aux fonctionnaires et soldats du régime de Lon Nol en qui, selon ses dires, le régime voyait des ennemis. Il a décrit comment les Khmers rouges s’y prenaient pour les retrouver et les arrêter, et confirmé qu’il y avait eu des exécutions dans le pays entre 1975 et 1977.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 07 May 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 08 mai 2015
MMe KHOEM Boeun

Mme Khoem Boeun, 72 ans, a déclaré qu’elle s’était engagée dans la révolution en 1969 et qu’ensuite, elle était devenue la chef de la commune de Cheang Tong, dans le district de Tram Kok, sous le nom de Yeay Boeun. Elle a été interrogée sur le système de communication d’informations et de diffusion des instructions entre les différents échelons administratifs du Kampuchéa démocratique. Elle a affirmé ne jamais avoir été mêlée à un acte de violence, quel qu’il fût, ou à des arrestations, n’étant investie d’aucun droit en la matière. Elle a expliqué que, dans sa commune, le peuple nouveau n’était pas autorisé à se marier avec le peuple ancien et que les instructions relatives aux mariages étaient diffusées par le district. Elle a décrit les conditions de vie dans sa commune, ajoutant qu’aucune distinction n’était faite entre le peuple nouveau et le peuple ancien en matière d’éducation et de santé. Elle a aussi répondu à des questions concernant les différences entre les infractions mineures et les infractions graves.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 05 May 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 04 mai 2015

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